> B1 : Poétiques de l'énergie

 

B1 - Poétiques de l'énergie

Le projet de du Centre Modernités, « Poétiques de l'énergie », dirigé par Éric Benoit, se développera en deux phases.

Première phase : 2015-2017. A la suite de l’action « Jubilations » (2013-2015), dernière étape du projet du précédent contrat, Modernités souhaite élargir la réflexion aux «Poétiques de l’énergie ». L’idée sera déclinée à la fois dans son versant thématique, dans son versant méta-littéraire (l’énergie de l’écriture), et dans son versant formel (stylistique). Les travaux prendront en compte la littérature des trois derniers siècles. Le XVIIIe sera un nécessaire point de départ pour la construction de la notion même d’énergie. La littérature du XIXe a été à son tour traversée par les problématiques de l’énergie : Balzac (par exemple l’épuisement de l’énergie vitale dans La Peau de chagrin), Hugo (l’énergie créatrice du «génie» dans William Shakespeare), Rimbaud (la « future Vigueur »), Mallarmé (le drame solaire sous toutes ses formes), le premier Claudel (Tête d’or), Zola… D’ailleurs, la pensée du XIXe a été particulièrement habitée par cette question de la conservation ou de l’épuisement de l’énergie d’un système (que ce système fût un être humain, une machine, une communauté sociale, une structure économique, ou l’univers entier). Au XXe, Bergson a donné à l’idée de l’énergie créatrice une place cruciale dans la réflexion esthétique et littéraire ; puis la réception de Nietzsche a orienté une part des questions liées à l’énergie ; c’est le cas par exemple dans l’œuvre de Bataille (« La Notion de dépense », La Part maudite, L’Économie à la mesure de l’univers). La question de l’énergie est aussi centrale chez Beckett (sa perte), ou Giono (son regain), chez René Char (« l’énergie disloquante de la poésie », Michel Deguy (« l’énergie du désespoir »), ou encore Michaux chez lequel l’énergie intérieure du sujet s’extériorise en gestes qui sont aussi ceux du dessin et de la peinture. Il faudra aussi relier cette esthétique de l’énergie avec la place de la notion d’énergie dans l’épistémologie du XXe (relativité, physique quantique et atomique).

Le Séminaire de Modernités sera consacré aux «Poétiques de l’énergie » en 2015-2016 et 2016-2017, dans la littérature française mais aussi dans les littératures étrangères et dans une perspective de littérature générale.

Deuxième phase : « Effets de lecture. Pour une énergétique de la réception » (2017-2019). Nous nous pencherons particulièrement sur des œuvres littéraires qui thématisent ou théorisent ou impliquent une énergétique de la lecture. Quelles nouveautés la modernité littéraire a-t-elle apportées à la lecture et à la réception en termes d’énergie ? Qu’en est-il aujourd’hui ? Le tournant pragmatique qui s’est développé dans les études littéraires depuis les années 1980 (Deleuze, Ricoeur, Vincent Jouve, Yves Citton, Marielle Macé, Hélène Merlin-Kajman…) nous a rendus sensibles aux effets éthiques des textes dans la vie même des lecteurs. Notre réflexion intégrera aussi les effets historiques et politiques de la littérature des trois derniers siècles : comment la lecture peut-elle entraîner une mise en acte, une mise en action (une energeia). Nous nous interrogerons sur l’énergie psychique investie dans l’acte de lecture, sur le statut de l’émotion impliquée dans cette énergie, sur la part de la contrainte du texte et la part de la liberté du lecteur. Notre réflexion pourra s’aider d’une approche psychanalytique, mais aussi des apports des neurosciences. Nous nous demanderons en quoi l’énergie suscitée par les textes littéraires en leurs récepteurs diffère de celle que peuvent susciter des textes politiques, idéologiques, religieux. Nous essaierons de voir si les textes narratifs, les textes poétiques, et les textes théâtraux, produisent dans leur réception, en fonction de leurs spécificités formelles et stylistiques, des types différents d’énergie ; et nous pourrons envisager aussi les effets propres à la lecture à haute voix. Comme d’habitude, nous ne nous limiterons pas à la littérature française, mais nous pourrons aborder des textes de toute aire linguistique. Nous questionnerons d’ailleurs la pratique de la traduction pour voir comment elle est concernée par ces problématiques.

Des colloques, nationaux ou internationaux, pourront compléter les Séminaires.

Les travaux seront publiés dans la collection « Modernités », aux Presses Universitaires de Bordeaux.

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Réalisations depuis 2016

Séminaire Modernités 2015-2016 (organisé par Eric Benoit): "Ecriture de l'énergie, I", Uuniversité Bordeaux Montaigne

Séminaire Modernités 2016-2017 (organisé par Eric Benoit): "Ecriture de l'énergie, II", UBM

Séminaire Modernités 2017-2018 (organisé par Eric Benoit): "Effets de lecture. Pour une énergétique de la réception, I", UBM

Colloque "A la recherche de Jacques Rivière" (organisé par Jérôme Roger), UBM, 23-24 mars 2018.

Séminaire Modernités 2018-2019 (organisé par Eric Benoit): "Effets de lecture. Pour une énergétique de la réception, II", UBM

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Publications dans le cadre de ce programme:

BENOIT, Eric, Dynamiques de la voix poétique, Editions Classiques Garnier, 2016.

BENOIT, Eric (dir.), Ecritures de l'énergie, Presses Universitaires de Bordeaux, Collections Modernités, volume 42, 2017.

BENOIT, Eric, Obstinément la littérature, Editions Droz, 2018.

ROGER Jérôme, n° de la revue Europe consacré à Jacques Rivière, à paraître en 2019.

BENOIT, Eric (dir.), Effets de lecture. Pour une énergétique de la réception, Presses Universitaires de Bordeaux, Collection Modernités, volume 44, à paraître en 2019.

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